SIAL Paris 2022 | Le festival du «faux-tout» : du foie gras végétalien à la barbe à papa sans sucre

Du 15 au 19 octobre dernier, en plein cœur d’Île-de-France, se déroulait le SIAL Paris, événement biennal considéré comme le plus important salon mondial des aliments et des boissons. Et ce n’est pas peu dire. Avec ses plus de 500 exposants provenant de près de 200 pays entassés dans 8 pavillons totalisant 250 000 m2 (soit 5 fois le Palais des congrès de Montréal), les 265 participants peuvent être rapidement dépassés par tout ce qu’il y a à découvrir. (Source : Agriculture Canada)

Pendant que la plupart y sont pour développer les affaires en ouvrant la distribution de leurs produits au monde, nous y étions pour prendre le pouls des tendances qui façonnent les marchés internationaux et découvrir les dernières innovations qui se retrouveront dans nos assiettes d’ici peu. Voici un (bref) aperçu de ce que nous avons retenu de nos plus de 25 km de déambulation dans les allées et des centaines de produits dégustés.

L’année du végétal!

Tous les gens rencontrés sur place (dont plusieurs Québécois œuvrant dans l’industrie agroalimentaire) et les différents experts qui se sont exprimés sur le salon sont unanimes : l’édition 2022 du salon est marquée par l’offre végétale (le fameux plant-based). (Source : Le Monde)

Il y a bien entendu les boulettes et les hachis (de type Beyond Meat), les « faux-mages » à base de noix et les « poissons fumés » végétaux déjà présents sur nos tablettes. Nous avons rapidement arrêté de compter les déclinaisons de ces concepts. Ce qui a retenu notre attention, ce sont les nouvelles « imitations végé » qui amènent l’idée au prochain niveau avec des steaks végétaliens, des charcuteries végétaliennes, des croquettes de faux poissons à base d’algues… et même du foie gras végé. Les résultats ne sont pour la plupart pas très réussis… mais presque tous avouent humblement être toujours en développement et en quête de l’imitation parfaite.

Fait surprenant, plusieurs entreprises du domaine de la protéine animale présentent des produits végétariens sous leur marque mère, en marque endossée ou même sous de nouveaux visages complètement. Chose certaine, marcher le pavillon de la viande cette année faisait réaliser, plus que jamais, qu’une révolution est en cours.

Au-delà de la viande

Même constat du côté des produits laitiers. Les alternatives végétales, tant dans le lait, les fromages et les yogourts que dans les desserts étaient omniprésentes. Fait intéressant : plusieurs offraient des produits mi-végétaux, mi-laitiers. Une belle manière de proposer une transition aux consommateurs tout en gérant les coûts croissants de la matière première.

La catégorie des sucreries vit aussi une métamorphose… qui nous amène à nous questionner même sur sa raison d’être. De la barbe à papa sans sucre. Des bonbons sans sucre. De la meringue fait de faux blancs d'œufs sans œufs ni sucre. Vraiment? Faut croire que oui.

Et que dire du rayon des boissons. L’alcool sans alcool était plus qu’à l’honneur… des spiritueux aux prêts-à-boire. Rien de nouveau ici. Mais dans la mer de produits « alternatifs » à leur identité d’origine, cela ajoutait la cerise sur le sundae… végane bien entendu!

Une mode ou réellement l’alimentation de la prochaine génération?

Et dans ce festival du « faux-tout », on remarque un certain clash générationnel. La quasi totalité des marques qui commercialise les produits « alternatifs » le fait de manière plutôt ludique, s’adressant à un public jeune (pour ne pas dire très jeune) et invitant, gentiment, à bouder les manières de faire du passé. Les lignes comme « La viande du 21e siècle » ou « Rehab for meat eaters » sont la norme.

Personnellement, je me dis que tant qu’à s’adresser à un public jeune qui a encore un palais modulable, aussi bien le faire avec des produits originaux plutôt que des imitations. Les produits végés les plus intéressants découverts au SIAL Paris étaient des créations originales comme une collation protéinée à base de pois meilleure que bien des poudings du commerce ou même une bouchée apéro, elle aussi à base de pois, qui volerait la vedette de n’importe quel plateau apéritif. Et les meilleurs breuvages découverts étaient simplement des jus ou des infusions qui n'avaient pas besoin de se cacher sous une étiquette « sans alcool ».

On dit souvent que les tendances suivent un mouvement de balancier. Et dans le cas de ce festival du « faux-tout », j’ai l’impression que nous revenons à l’ère de la surindustrialisation de l’alimentation avec des listes d’ingrédients interminables! Étrangement, les meilleurs produits dégustés mentionnés ci-haut, étaient ceux qui avaient les listes les plus courtes.

Alors, oui, à l’innovation… mais en gardant la simplicité en tête. Le défi est lancé! À suivre au prochain SIAL Paris en 2024!