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19.04.2024| Lecture de 9 minutes

Jour de la Terre : Un Québec plus écoresponsable, grâce aux marques d'ici

Équipe ilot 1L'équipe ilot

C’est un incontournable chaque année: le 22 avril sonne le fameux « Jour de la Terre ». Pour 2024, l’organisation derrière l’offensive cible un enjeu important sur lequel elle mise: la mobilité durable. Elle invite les entreprises, municipalités et consommateurs à délaisser la voiture et à « adopter de nouvelles habitudes écoresponsables ». Après tout, le transport routier est la cause de 42,8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par les québécois en 2020… et une partie de celles-ci proviennent du secteur agroalimentaire.

Une prise de conscience environnementale est donc devenue indispensable de nos jours malgré les défis que ça apporte à l’industrie agroalimentaire. Manger est indispensable, et ce sera toujours le cas. Comment réduire judicieusement son impact sur notre planète?

Rares sont les semaines où l’actualité est dénuée de nouvelles sur l’impact des changements climatiques sur le secteur agroalimentaire. La situation est si alarmante que la Financière agricole du Québec a annoncé verser plus d’un milliard de dollars pour compenser les pertes de la saison 2023. Et l’aide gouvernementale n’est pas présente que dans les champs…

Toutefois, l’impact environnemental des industries agroalimentaires n’est pas négligeable non plus. Selon le MAPAQ, en 2019, le secteur bioalimentaire a produit 19,3% des émissions totales de GES de la province. De ce pourcentage, les activités reliées au transport arrivent au deuxième rang des plus polluantes (20,9%), derrière la production agricole (49,6%). Selon le service de livraison à vélo La roue libre, chaque année, ce sont 10 millions de camions qui sillonnent les rues de Montréal… et c’est sans compter toutes les autres municipalités de la province. Des statistiques qui semblent énormes au premier regard, mais il faut toujours considérer que manger, c’est un besoin vital. Le Québec a franchi la barre des 9 millions d’habitants, et chacun d’entre eux doit avoir accès à la nourriture.

Avec la popularité de l’achat en ligne, on est loin de voir le nombre de livraisons s’estomper. Selon la firme Statista, l’achat de produits d’épicerie en ligne devrait atteindre 7,6 G$ en 2027 au Québec, une hausse de 3,2 G$ depuis 2022. Heureusement, malgré ces statistiques, plusieurs entreprises d’ici mettent les bouchées doubles pour réduire leur empreinte environnementale, et ce, toute l’année.

Réduire la distance pour réduire les impacts

S’il y a moins de kilomètres à parcourir, ça va de soi que les émissions produites soient moins élevées, n’est-ce pas? C’est un des avantages que présentent l’agriculture urbaine et celle dite de proximité. Au Québec, quand on entend parler d'agriculture en pleine ville, les Fermes Lufa viennent tout de suite en tête. L’entreprise installée à Montréal permet au consommateur québécois de commander un panier de produits locaux, livré dans son quartier ou à domicile. Chaque semaine, elle en distribue plus de 30 000 à travers la province. L’approvisionnement local présente déjà des avantages, mais Lufa va plus loin avec ses serres urbaines. Elles permettent à l’entreprise de faire la culture de légumes à l’année, comme les concombres, les poivrons ou les tomates, pour ainsi éviter que le consommateur s’approvisionne de légumes étrangers l’hiver venu.

Lufa
La plus récente serre des Fermes Lufa, située sur le toit du Marché Central, dans Ahuntsic, à Montréal. Crédit photo: Fermes Lufa

La beauté, c’est que des joueurs qui veulent faire la différence via l’agriculture urbaine, il y en a plusieurs! On pense à la jeune entreprise Fermes Urbaines Ôplant, établie depuis 2016, qui chérit le rêve de l’autonomie alimentaire en ville grâce à des « aliments frais, sains et hyperlocaux », au rayon des micro-pousses et des bébés verdures. L’entreprise Agriculture du coin, qui se spécialise en agriculture hydroponique, est aussi à soulever ici. Elle a annoncé son nouveau projet de ferme aquaponique en plein cœur du Mile End. Et ici, il n’est pas seulement question de faire pousser de la salade. On parle même d’un élevage de poissons, qui augmenterait l’offre locale en milieu urbain. Un projet qui, on l’espère, pourrait aider le Québec à consommer davantage de produits de la mer d’ici: en 2021, 85% des poissons et fruits de mer consommés provennaient de l’étranger… et 80% des stocks québécois ont été exportés. Rien de bon pour aider l’environnement!

Fermes Urbaines Ôplant
Crédit photo: Fermes Urbaines Ôplant

Cultures Gen V, le plus grand producteur en serre de la province, glisse plutôt dans l’agriculture dite « locale », avec cinq serres situées dans différentes régions du Québec. Ses activités se concentrent à l’extérieur de la métropole. Il compte aujourd’hui 36 hectares destinées à l’agriculture serricole pour soutenir l’autonomie alimentaire québécoise. L’entreprise utilise autant l’agriculture hydroponique que conventionnelle pour offrir des tomates, des concombres et de la laitue d’ici dans les supermarchés de la province.

En ville, la livraison sans émission

C’est bien beau s’installer près du consommateur, mais encore faut-il que les produits alimentaires se rendent jusque dans les assiettes. Oui, l’électrification des transports aidera certainement à réduire les émissions de GES, avec, entre autres, Tesla qui a déjà annoncé son camion semi-remorque 100% électrique, ou Hyundai qui a présenté sa vision de la distribution du futur au dernier CES: un écosystème 100% éclectique, propulsé par la fine pointe de la technologie, dont l’IA (bien entendu!) Mais le moment d’agir, c’était hier. Plusieurs adresses l’ont compris et posent des actions écoresponsables pour s’approvisionner. Par exemple, des torréfacteurs, des boulangers et des fruitiers de la ville de Montréal utilisent les services zéro émission de La roue libre pour livrer leurs produits. En 2022, l’entreprise de livraison soutient avoir acheminé plus d’une tonne de fruits et légumes à une trentaine de restaurateurs de la métropole, au lancement de la saison des récoltes. Et pour faire concurrence aux UberEats de ce monde, La Coopérative Radish, une jeune pousse qui a vu le jour en 2020, offre aux restaurateurs de prendre en charge toute la logistique de la livraison des repas, tout en réduisant leur empreinte carbone. L’entreprise a annoncé le lancement de son application mobile prochainement. Imaginez les bénéfices si les quelque 15 500+ établissements alimentaires de Montréal joignent le mouvement!

La roue libre
Crédit photo: La roue libre

La collaboration, ça fait aussi partie des solutions pour réduire l’empreinte écologique de l’industrie agroalimentaire. Si on se dirige vers l’Est du Québec, on trouve un exemple parfait: la plateforme de livraison collaborative de l’association Les Saveurs du Bas-Saint-Laurent. C’est tout nouveau, ça a été lancé en début de mois pour simplifier la vie des entreprises agroalimentaires de la région. Ainsi, producteurs, transformateurs, restaurateurs et même hôteliers peuvent faire part de leurs besoins aux distributeurs, qui peuvent organiser leur itinéraire plus efficacement. Résultat, moins de kilomètres sont parcourus et les aliments arrivent à destination plus frais. Une initiative qu’on salue fièrement, et pour laquelle la belle équipe d’École-B a joué un rôle important. Bravo!

Plus qu'un défi de mobilité...

Ces bonnes actions, on les voit quotidiennement, que ce soit le Jour de la Terre ou non… et on en a besoin pour espérer limiter les conséquences des aléas de la météo sur notre industrie. L’organisme ne s’arrête pas non plus au 22 avril. Il chapeaute plusieurs programmes écoresponsables, dont « À vos frigos », propulsé par le Fonds Éco IGA, pour réduire le gaspillage alimentaire, autre fléau auquel on doit s’attaquer. L’ONU l’a martelé dernièrement en annonçant que 10 millions de tonnes de produits alimentaires sont gaspillés chaque année à travers le monde, ce qui correspond à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2. Au Québec, l’entreprise LOOP Mission a été créée sous cet objectif de réduire le gaspillage alimentaire, en recyclant les fruits et légumes peu alléchants pour la distribution. Résultat, depuis sa création en 2016, la gamme de produits offerte ne cesse d’augmenter, faisant, du même coup, grimper la quantité d’ingrédients sauvés de la poubelle. En 2023, LOOP Mission a été capable d’en économiser 3 500 tonnes! Les actions de l’entreprise lui ont mérité les grands honneurs du dernier Défi de réduction du gaspillage alimentaire, aux côtés de Still Good. L’organisme La Transformerie, lancé par Guillaume Cantin, gagnant de la première saison de l’émission Les Chefs!, s’attaque aussi au problème du gaspillage alimentaire, mais il le fait à la source. L’équipe utilise des fruits rescapés pour produire des tartinades, des marmelades et des sauces.

Dans une ère où le consommateur accorde davantage d’importance à l’empreinte écologique des marques qu’il consomme, les actions à poser sont multiples et variées. Certaines optent pour le recyclage des résidus de productions, comme Rebon, qui réutilise la drêche obtenue par la fabrication de la bière. D’autres marques vont s’attaquer à l’emballage de ses produits. On n’a qu’à penser à Nutrinor, qui a fait le saut vers des cartons de lait carboneutre, ou la Laiterie Chalifoux, qui opte pour des contenants de yogourt réutilisables. Cascades a même été récompensée grâce à sa barquette de carton totalement recyclée et recyclable, développée il y a quelques années. Et de plus en plus, les marques n’hésitent pas à introduire l’intelligence artificielle dans leurs activités pour les aider à atteindre leurs objectifs. Cette aide sera bénéfique dans le développement de solutions durables, peu importe votre rôle dans la chaîne d’approvisionnement québécoise.

Bref, le Jour de la Terre est la parfaite occasion de se rappeler l’importance de penser à notre planète dans chaque action posée. Des actions écoresponsables qui doivent se concrétiser tout au long de l’année.