CES

08.01.2024| Lecture de 7 minutes

IA par ci, IA par là... le sujet sur toutes les lèvres au CES

Guillaume 1Guillaume Mathieu, associé-cofondateur

Depuis quelques années déjà, la « food tech » est représentée dans les conférences du CES. Pour l’édition 2024, l’organisation a ajouté une demi-journée complète de conférences AgTech, soit la technologie appliquée à l’agriculture. Voici donc un (bref) tour d’horizon de l’impact de l’intelligence artificielle du champ à l’assiette.

Au champ...

Selon un des panels d’experts composés entre autres de représentants de John Deere et Driscoll’s, l’un des plus grand avantage de l’intelligence artificielle dans la production agricole est d'aplatir la courbe des risques. Avec les changements climatiques viennent des extrêmes de températures, des périodes de sécheresse prolongées ou des pluies abondantes qui rendent toutes la planification des productions difficiles, entraînant, du même coup, des répercussions à travers l’entièreté de la chaîne. Grâce à des modèles de projection utilisant l’IA, les producteurs sont en mesure de mieux planifier, anticiper et intervenir afin de minimiser les pertes… ce qui se reflète sur le prix au bout de la ligne.

Malgré l’extrême pouvoir de l'intelligence artificielle, elle ne remplacera jamais le savoir, l’expérience et l’instinct des producteurs agricoles. C’est en combinant les deux que tout le potentiel se déploie. Selon les données partagées par le président de John Deere, certains appareils de l’entreprise pourraient collecter des données sur 2 200 pieds carrés chaque seconde, une tâche qui nécessiterait environ 6 000 personnes pour l’accomplir. L’information ainsi amassée et analysée par l'IA permettrait, entre autres, de diminuer de ⅔ les engrais utilisés dans les champs grâce à une meilleure prévention et des interventions ciblées plutôt que généralisées.

La prochaine étape pour l’industrie est de travailler davantage de pair, en partageant les connaissances acquises grâce aux collectes de données et à l’IA, afin d’appliquer les apprentissages à grande échelle et contribuer au « greater good », comme le disaient les experts sur scène.

En tranformation...

L’intelligence artificielle joue déjà un rôle important en transformation afin d’optimiser et standardiser la production d’aliments. Un autre rôle exploré par les experts lors des conférences est celui de la créativité dans les processus de recherche et développement. Sans trouver toutes les solutions, les engins d’IA génératif peuvent aider les équipes d’innovation en session d’idéation ou même trouver des pistes de solution à des enjeux rencontrés en développement. Par exemple, Sharp a développé l’AI Olfactory Sensor qui permet de reproduire l’odorat humain mais sans la suggestivité ou l’inconstance d’analyse. Du beau potentiel dans le domaine du vin entre autres!

Autre avantage de la technologie: la personnalisation de l’alimentation… à grande échelle. Elo, une entreprise de San Francisco, développe grâce à l’IA et l’impression 3D alimentaire des jujubes avec des nutriments adaptés aux besoins de chacun de ses clients. Ces jujubes sont une alternative aux multivitamines génériques, en étant adaptés aux besoins nutritionnels de chacun, comme le mentionnait le cofondateur et CEO de Elo sur scène. Selon les paramètres choisis par les utilisateurs, c’est parmi 389 millions de combinaisons de nutriments possibles que chaque commande est produite. L’IA joue donc un rôle essentiel dans la création des Smart Gummies.

À la distribution...

C’est chez Hyundai que je me suis accroché les pieds pour comprendre leur vision du futur de la distribution. Attiré par City Pod, leur imposant transporteur de fret sans chauffeur et fonctionnant à l'hydrogène, j’ai vite compris que cet élément n’était qu’un des maillons d’une grande stratégie qui vise à positionner l’entreprise comme un fournisseur de solutions de mobilité intelligentes. Ultimement, Hyundai vise à transformer tous les appareils, flottes et écosystèmes en mouvement en actifs précieux - grâce à des logiciels avancés et à l’IA - pour construire un ensemble complet de mobilité autonome. Autrement dit, c’est une étape de plus vers la livraison entièrement automatisée, de l’usine à la maison.

Au détail...
Walmart
L'activation de Walmart, au CES 2024

Walmart, le plus important détaillant au monde, organisait une immense activation au CES cette année. Pas étonnant sachant que la technologie est plus que jamais au cœur de son plan de développement pour contrer les concurrents entièrement numériques. Parmi les innovations annoncées, il y a la réalité augmentée jumelé à l’IA, pour une plus grande personnalisation de l’expérience d’achat tant en magasin qu'à la maison (question d'essayer ses vêtements à distance ou de mesurer son salon pour faire le bon choix de divan... tout ça via son téléphone intelligent). On y trouve également la possibilité de commander son épicerie (et autres bébelles) grâce aux textos et un système de chatbot avancé, et les caisses sans contact utilisant, entre autre une technologie de reconnaissance visuelle propulsée par l’IA (qui devraient être déployés partout aux États-Unis d'ici la fin de l'année prochaine). On sent que le détaillant veut établir les nouvelles normes du commerce de détail des prochaines années.

Instacart
Le panier d'épicerie intelligent, présenté par Instacart.

D’autre part, Instacart a présenté un tout nouveau partenariat avec Google Ads afin de cibler les consommateurs à partir de leur magasinage en ligne jusque dans les magasins. Le clou de l'annonce réside dans un panier d'épicerie intelligent qui permet de faire des recommandations en temps réel aux consommateurs en train dévalant les allées des supermarchés participants. Le produit publicitaire n'est pas prévu pour le Canada pour l'instant.

En restaurant...

Les représentants des entreprises de restauration rencontrés sur place, dont ceux de McDonald’s, parlaient d’une fatigue liée à l’utilisation des technologies chez les consommateurs. Bien que les plus jeunes demeurent friands de code QR, d’écran pour commander et d’IA au service au volant, les consommateurs plus âgés, eux, désirent revenir à une expérience plus humaine à table!

Selon les experts, l’IA au restaurant devrait être utilisée dans l’ombre pour optimiser des processus comme la gestion de réservation, les plans de salle, l’approvisionnement, etc. et laisser les professionnels en cuisine et sur le plancher se consacrer à leur art qu’est la restauration.

« Les gens ne veulent pas manger d’IA. Les gens veulent des aliments qui goûtent bon et qui sont à bon prix. Utilisons la technologie pour atteindre ces buts. »
Chez le consommateur...

Rendu chez le consommateur, c’est assurément l’IA générative, comme ChatGPT et les différentes applications qui l’utilisent, qui fera le plus grand bruit dans les prochains mois. Comme on l’a vu du côté des nouveautés au rayon des électroménagers, cette technologie sera désormais intégrée à même les appareils, ne nécessitant même pas d’effort de la part des consommateurs.

Une autre petite révolution réside dans les applications à vocation santé utilisant la reconnaissance visuelle. L’idée est simple: en prenant en photo les aliments qu’on mange dans une journée et en indiquant différentes informations sur notre état de santé, les applications reconnaissent les ingrédients des plats et sont en mesure de tenir un journal de bord - utile dans le cas d’un régime ou d’un plan d'entraînement -, formuler des recommandations pour atteindre nos buts fixés, etc.

La présidente de l’entreprise January - une application qui se veut le premier glucomètre virtuel en continu au monde - indique que l’avenir de l’alimentation passera par ce type d’outil. Selon elle, les gens ne sont pas conscients de l’impact de leur alimentation sur leur santé et leur bien-être. Quand ils vont le réaliser, ils vont adopter ces technologies et ce sera pour le mieux.

Cet article est paru initialement dans notre e-book officiel du CES 2024 : Techno X Bouffe, disponible ici. 🤖