Lumière sur des entrepreneures en bioalimentaire

Dans cette industrie, les femmes jouent un rôle indéniable, mais leur présence demeure souvent insuffisante à des postes de décision. En agriculture, par exemple, elles représentent 27 % des propriétaires ou copropriétaires d’entreprises agricoles au Québec. C’est un chiffre encourageant mais qui souligne également un déséquilibre persistant dans la gestion des entreprises agricoles (Source : UPA). Ce phénomène se retrouve aussi dans la restauration, où seulement 18 % des chefs au Québec sont des femmes, bien que la proportion atteint 31 % en région (Source : La Table Ronde). Des initiatives comme l'Accélérateur Leadership au féminin de La Table Ronde permettent, entre autres, à des leaders féminines de recevoir des outils et du soutien pour propulser leur carrière et leur entreprise. Montréal en lumière met d’ailleurs à l’honneur cette année les femmes en cuisine et dans les vignes afin de reconnaître leurs contributions essentielles.

Cependant, au-delà de ces chiffres, un problème majeur persiste : la concentration des femmes dans des postes d’entrée, avec peu de femmes dans les postes de direction. Une étude menée par Marie-Ève Ducharme et Jordan Lebel et présentée dans le cadre du 90e congrès de l’Acfas souligne que les femmes rencontrent des obstacles uniques dans un secteur dominé par les hommes, notamment en raison de la charge mentale liée à la gestion familiale, ce qui freine souvent leur ascension professionnelle. Ce constat montre qu’en dépit de leurs compétences, les femmes doivent souvent jongler avec des attentes sociales et familiales, un fardeau qui n’est pas toujours pris en compte dans la progression de leur carrière. Nous avons également échangé avec plusieurs entrepreneures ayant des partenaires masculins, et la plupart d’entre elles confirment porter principalement la charge mentale de l’entreprise sur leurs épaules.

Pour l’occasion, nous avions envie de mettre en lumière quelques entrepreneures qui nous inspirent. Tout d’abord, Maude St-Pierre, fondatrice de Grazy, qui, face à une offre alimentaire insuffisante selon elle pour les personnes cherchant des produits sans gluten et sans produits laitiers, a créé sa propre gamme de desserts glacés à base d’avoine canadienne. Sa réussite prouve qu'en misant sur l’innovation et une vision personnelle, les femmes peuvent s'imposer - à coups de ténacité - dans des secteurs souvent perçus comme dominés par les hommes.

De même, OOYA, fondée par Charline Patry et Mathilde Léger, révolutionne le marché des boissons énergisantes avec des produits à base de guayusa, une plante amazonienne. En créant une alternative naturelle aux boissons énergisantes traditionnelles, ces entrepreneures ont su répondre à un besoin personnel tout en développant une entreprise qui respecte leurs valeurs. L'initiative de ces deux jeunes femmes montre bien qu’il est possible de concilier passion et entrepreneuriat.

Chickumi, fondée par Lysanne Gingras, se distingue dans l'univers de l'alimentation végétale avec des solutions saines à base de pois chiches, destinées à simplifier la vie des familles et des institutions. Elle a su tirer parti de ses propres besoins pour créer un produit à la fois nutritif et accessible, tout en contribuant à faire évoluer l’offre alimentaire.

Enfin, Délices du Lac-Saint-Jean, une entreprise de produits de bleuets fondée par Émilie Gaudreault, montre l’importance d’un enracinement local et d’un amour sincère pour les produits de sa région. En proposant des tartes, des confitures et des sirops à base de bleuets, Émilie incarne le lien fort entre entrepreneuriat, culture locale et innovation.

La Journée internationale des droits des femmes est l'occasion de célébrer ces réalisations, tout en rappelant qu’il est impératif de continuer à se battre pour des conditions plus égalitaires. Les femmes, dans toute leur diversité, méritent un avenir où elles ne sont pas seulement présentes, mais également visibles et reconnues dans les sphères de pouvoir et de décision.

Cheers à vous toutes!