
27.05.2025| Lecture de 5 minutes
Lauriers 2025 : célébrons notre gastronomie

Depuis quelques semaines, on entend pas mal parler de gastronomie au Québec — et c’est tant mieux. Début mai, c’est le palmarès Canada’s 100 Best qui faisait jaser avec une très belle représentation du Québec. Quelques jours plus tard, c’était au tour du célèbre Guide Michelin de souligner, pour la première fois, des établissements québécois, marquant ainsi une reconnaissance internationale attendue. Puis, hier soir, à Montréal, s’est tenue la 7e édition du Gala des Lauriers de la gastronomie québécoise, qui a couronné des artisans, des chefs et des entreprises d’ici dans 17 catégories. Rien de moins.
La gastronomie, au cœur de notre économie et de notre identité
On entend souvent que la gastronomie est réservée à une élite, que les prix et les palmarès ne font que prêcher aux convaincus. Pourtant, l’engouement croissant pour les bonnes tables et les produits d’ici — porté entre autres par une vague d’intérêt pour l’achat local — dépasse largement le simple prestige. Il met en lumière une réalité essentielle : la gastronomie a un impact concret sur notre société, notre économie et notre identité collective.
Le rapport Chefs et restaurateurs indépendants de la gastronomie québécoise – Un levier pour la relance économique de Montréal et du Québec, publié il y a quelques années par le collectif La Table ronde (qui rassemble les entrepreneurs derrière les grands restaurants des différentes régions du Québec), le démontre clairement. Chaque grande table du Québec collabore, en moyenne, avec 38 producteurs de niche. Ces artisans perpétuent des savoir-faire uniques, ancrés dans nos régions, et inspirent les chefs avec leurs produits d’exception. Deux tiers des ingrédients utilisés dans les menus des membres du collectif sont d’origine québécoise — contre seulement un tiers dans les assiettes du grand public. Une preuve éloquente du potentiel de nos produits locaux, accessibles et valorisés à longueur d’année. Autre donnée marquante : alors que seulement 0,35 % des vins vendus par la SAQ sont québécois, ils représentent 15 % des cartes des vins dans nos meilleures tables.
Autrement dit, la gastronomie nourrit bien plus que nos papilles : elle soutient une chaîne de valeur partout au Québec, en plus de définir notre culture culinaire, une assiette à la fois. L’adage « dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » prend ici une dimension collective : ce que l’on choisit de mettre dans nos assiettes raconte notre territoire, notre rapport à celui-ci, et les valeurs que nous portons comme peuple.
Célébrer ce que nous mangeons, c’est célébrer qui nous sommes
Dans cette optique, le Gala des Lauriers ne se limite pas à récompenser l’excellence culinaire. Il célèbre, bien plus largement, qui nous sommes. D’ailleurs, l’édition de cette année reflète cette volonté d’inclusion et de reconnaissance élargie avec l’ajout de catégories plus démocratiques que jamais, telles que Cantine de l’année et Brasseurs de l’année.
Autant de façons de dire que la gastronomie québécoise, dans toute sa diversité, est un pilier de notre identité collective — et qu’elle mérite d’être célébrée haut et fort. C’est exactement ce qui s’est passé au New City Gas à Montréal lundi soir.
Tout d’abord, la gang de Québec a grandement rayonné - comme elle l’a fait lors de l’annonce des étoilés Michelin - en remportant plusieurs prix dont parmi les plus prestigieux:
- Restaurant de l’année: Le Clan
- Chef.fe de l’année: Alexandra Roy et Charles Provencher-Proulx, Melba
- Sommelier.e de l’année: Jonathan Strokowski Ross, Tanière 3
- Rayonnement de la culture culinaire: Allison Van Rassel
Plusieurs autres régions ont également été mises à l’honneur.
“Sans nos régions, les restaurants de Montréal et Québec n’auraient pas grand chose à servir.” - Marie-Josée Beaudoin, Sabayon
Le Bas-St-Laurent a vu plusieurs de ses entreprises et artisans récompensés:
- Producteur.trice de l’année: Guillaume Werstink et Emmanuel Sandt-Duguay, Chasse-Marée
- Cantine de l’année: Cantine Côtière
- Prix du meilleur service: Mynessa Lapointe-Ouellet, La porte arrière

Même résultat du côté de l’Estrie (pour ne pas dire précisément le village de Frelighsburg) :
- Vigneron.ne ou producteur.trice de boissons de l’année: Véronique Hupin et Michael Marler, Les Pervenches
- Prix du tourisme gastronomique: Les Cocagnes
- Artisan.e de l’année: Julien Drouin-Bouffard, Thés du Nord
L’auberge Saint-Mathieu en Mauricie s’est également illustrée avec deux prix Lauriers pour des membres de son équipe :
- Patissèr.e de l’année: Éric champagne, Auberge St-Mathieu
- Révélation de l’année: Jana Larose, Le comptoir de l’auberge
Les autres trophés ont été remis à :
- Événement gastronomique de l’année: Montréal en lumières
- Brasseur.euse de l’année: Benoît Couillard, Auval
- Entreprise ou initiative de l’année: Tablé(e) au féminin
- Mixologue ou bartender de l’année: Sabrina Touzel, Foxy (Montréal)
- Laurier du public: Dominique Rioux
Félicitations à tous les lauréats. Par votre passion, votre savoir-faire et votre engagement, vous enrichissez notre culture, notre quotidien, et notre identité. Grâce à vous, nous pouvons affirmer que la gastronomie québécoise est vivante, vibrante, et résolument ancrée dans notre territoire.
Je vous laisse sur les mots toujours pertinents de Josée di Stasio, rendant hommage à son ami disparu, Daniel Pinard, qui, mieux que quiconque, savait dire l’essentiel : « La cuisine, ce n’est pas juste des recettes. C’est l’écologie, la politique, une manière de se dire qu’on s’aime. »
Et c’est exactement ce que le Gala des Lauriers a célébré lundi soir : un amour profond pour ce que nous mangeons, pour ceux qui le façonnent, et pour ce que cela dit de nous.