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19.06.2024| Lecture de 6 minutes

Et si vos pratiques ESG étaient le moteur pour propulser vos exportations?

Guillaume 1Guillaume Mathieu, associé-cofondateur

Le 18 juin dernier se tenait le 2e Sommet sur l’exportation agroalimentaire organisé par Groupe Export Agroalimentaire et présenté par FAC. L’objectif de la journée : rassembler les divers acteurs de l’industrie d’ici afin d’échanger sur des sujets cruciaux liés à l’exportation et contribuer à la mission de l’organisme qui est d’accélérer les occasions d’affaires hors Québec pour les marques d’ici.

L’exportation pour le marché du Québec n’est pas négligeable. Selon les dernières données d’IQ, les exportations agroalimentaires québécoises représentent 8,8 G$. Et sans grande surprise, la majorité, soit 69%, est destinée à notre voisin du sud, les États-Unis.

Bien que les exportations agroalimentaires croissent à un rythme soutenu selon les propos de monsieur André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, en ouverture d’événement, l’industrie fait face à des défis de taille dans le contexte mondial actuel… et futur. On salue donc la tenue de ce nouveau rendez-vous!

Une situation globale instable

Cette année, c’est près de 4,1 milliards de personnes qui vont voter pour élire leur gouvernement, soit la moitié de la population mondiale. Quiconque suit la politique internationale sait que les enjeux sont grands et que le contexte est explosif.

En ce sens, l’un des sujets qui a fait grandement jaser lors du Sommet était la slowbalisation, soit les changements dans l’économie mondiale qui ralentissent le processus d’internationalisation de l’activité économique… ou une certaine forme de démondialisation. Avec les répercussions liées à la pandémie de COVID-19, les perturbations récentes dans les chaînes d’approvisionnement liées à divers conflits dans le monde, les divergences idéologiques qui semblent se multiplier et la crise climatique plus d’actualité que jamais, les décideurs (tant gouvernementaux qu’en entreprises) repensent fortement leur dépendance aux économies extérieures. Plusieurs accords commerciaux seraient d’ailleurs remis en question.

Ceci explique en partie pourquoi 2023 a vu le commerce global connaître son plus faible taux de croissance (+0.2%) des 50 dernières années en dehors des grandes récessions mondiales (contre +5,2% en moyenne de 1990 à 2020) selon les données partagées par Christophe Lafougère, directeur de Gira Consultancy and Research, lors de sa conférence sur les perspectives majeures pour l’avenir.

Ce resserrement de l’économie et potentiellement des frontières ne signifie pas la fin des exportations, mais plutôt l’avènement de nouvelles occasions…. Tant au niveau des produits à valeur ajoutée que nous pouvons offrir au monde qu’en termes de critères ESG que nous pouvons mettre en place dans nos entreprises pour se distinguer dans les autres marchés.

ESG : 3 lettres désormais essentielles

Toujours selon M. Lafougère, le développement durable est actuellement le sujet numéro un en Europe au sein de l’industrie agroalimentaire, même au cœur des récentes campagnes électorales. L’invité français se questionne notamment sur le retard que le Canada et le Québec ont pris en la matière.

D’après les exemples présentés, les entreprises de chez nous n’ont pas le choix de prendre le virage écoresponsable et ce, plus tôt que tard. Car loin d’être une mode, ce critère devient décisionnel pour les plus grands groupes d’achats mondiaux que sont les chaînes de restauration et les détaillants. Ces derniers ont pratiquement tous annoncé des objectifs ou des politiques zéro émission d'ici 2030, 2040 ou encore 2050. Et ces engagements n’auront pas le choix de se transférer sur les fournisseurs qui devront répondre aux mêmes attentes pour permettre à ces géants cotés en bourse de livrer la marchandise promise. Walmart aurait un pas d’avance en Europe dans ce dossier où l’entreprise américaine aurait déjà commencé à remplacer des produits en tablette, et donc des fournisseurs, afin d'accélérer l’atteinte des objectifs fixés.

Les autres intervenants de la journée, dont des représentants d’Inno-Centre, ont vite rappelé que l'écoresponsabilité et le développement durable, c’est bien, voire essentiel, mais que les bonnes pratiques sociales et de gouvernance (les S et G de ESG) jouent aussi un rôle crucial.

Ces critères sont également exigés par plusieurs détaillants et restaurateurs partout dans le monde, dont les équipes d’achats de The Fresh Market qui étaient au Québec dans les derniers jours pour séduire les marques d’ici. La chaîne d’épicerie, qui a été nommée « Best Grocery Store in America » pour la troisième année consécutive en 2023, recherche des produits – tant pour sa marque privée que pour la distribution – qui sont « clean label », qui offrent une transparence aux consommateurs au niveau de l’ensemble de la chaîne de production… et en qui ils peuvent avoir une confiance aveugle.

Comme l’ont mentionné plusieurs intervenants sur scène, aujourd’hui, les marques ne peuvent plus se permettre de gérer l’ESG comme un enjeu de relations publiques ou comme un élément anodin noté à la page 54 d’un rapport annuel. Le tout doit s’inscrire dans les valeurs profondes de l’entreprise tant pour le bien commun que pour celui de l’entreprise et de son recrutement.
Car bien que ces critères soient davantage recherchés par une clientèle plus jeune (milléniaux et génération Z), cette dernière est devenue la plus importante au pays, dépassant celle des baby-boomers, selon des données de Statistiques Canada (2024). Et ces jeunes occupent désormais des rôles décisionnels en entreprise, tant chez les clients (distributeurs, détaillants, restaurateurs, etc.), où il faut les séduire avec des arguments qui les rejoignent pour qu’ils achètent nos produits, que dans nos entreprises, où le respect de leurs valeurs dicte leurs choix de travail.

Donc, tant pour plaire au marché local qu’aux marchés hors Québec visés par l’export, les critères ESG deviennent un levier de différenciation majeur pour les marques d’ici. Pourquoi ne pas profiter du fait que le pays d’origine de nos produits, le Canada, jouit d’une réputation de marque enviable à l’échelle internationale? Des recherches démontrent que les acheteurs et les consommateurs perçoivent les produits canadiens comme ayant une bonne réputation, provenant d’un pays propre, avec des citoyens honnêtes. Des éléments se rapprochant étrangement de l’ESG… non?

À propos de Groupe export

Avec plus de 450 membres, le Groupe Export agroalimentaire Québec–Canada est la plus importante association d’exportateurs de produits agroalimentaires au Canada. Créé en 1990, le Groupe Export est le lien privilégié entre les exportateurs et les marchés hors Québec, le trait d’union essentiel entre le secteur public et l’industrie.

Par ses actions auprès de ses membres, il contribue à augmenter la visibilité et l’appréciation des produits québécois partout dans le monde. Il facilite également l’accès des marchés canadiens et internationaux aux exportateurs agroalimentaires du Québec.